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Au bord de la faillite en 2015, Soitec a réussi à redresser la barre pour devenir, huit ans plus tard, un acteur français majeur de l'industrie des semi-conducteurs. Le groupe a réussi à se transformer en misant sur l'innovation et de nouveaux débouchés porteurs. Une stratégie qu'il compte poursuivre pour pérenniser sa croissance.

 

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Au bord de la faillite en 2015, Soitec a réussi à redresser la barre pour devenir, huit ans plus tard, un acteur français majeur de l'industrie des semi-conducteurs. Le groupe a réussi à se transformer en misant sur l'innovation et de nouveaux débouchés porteurs. Une stratégie qu'il compte poursuivre pour pérenniser sa croissance.

Par Samuel Arnaud - Publié le 15/06/23

Fabricant de matériaux de semi-conducteurs, Soitec s'est notamment fait connaître dans les années 2000 pour sa technologie de silicium isolant, permettant d'améliorer la performance des circuits imprimés. Le groupe connaît un bel essor dans l'électronique, avant d'être dépassé par l'arrivée de nouveaux procédés. En perte de vitesse, Soitec tente de se diversifier dans le solaire ou l'éclairage, sans succès, en raison d'une concurrence asiatique féroce et de coûts trop élevés. Proche du dépôt de bilan, l'entreprise, dotée d'une nouvelle direction menée par Paul Boudre, ancien d'IBM et de Motorola, débute alors sa seconde vie.

Identifier de nouveaux marchés porteurs d'opportunités et assainir ses finances

"Paul Boudre est persuadé qu'il faut recentrer Soitec sur la technologie fondatrice qui a fait sa fortune", décrit Les Échos week-end à propos du tournant opéré en 2015. La société arrête son pôle solaire et se concentre de nouveau sur l'électronique. La R&D s'active afin de développer un nouveau substrat pour les filtres des radiofréquences, un élément nécessaire aux appareils utilisant l'Internet mobile (3G, 4G, 5G). Le marché des smartphones est en pleine explosion, celui des objets connectés apparaît, et le virage opéré s'avère payant : ses matériaux convainquent peu à peu les principaux fabricants de téléphones et l'entreprise se relance.

En parallèle, Soitec, fortement endetté, fait appel à ses actionnaires pour améliorer sa situation financière. Ses deux investisseurs historiques, CEA Investissement et Bpifrance, sont rejoints par le fonds chinois NSIG, qui représente également une porte d'entrée vers le marché asiatique. Ensemble, ils apportent 150 millions d'euros pour réduire la dette et relancer les investissements, notamment en R&D. "Les trois investisseurs ont une vision identique : le modèle d'innovation reste une priorité", indiquait alors Paul Boudre.

Rester précurseur en R&D et mener une diversification réfléchie

Soitec est redevenu un acteur international de poids. Ses filtres de radiofréquence ont conquis la 3G, puis la 4G et la 5G grâce à leurs performances et à leur consommation énergétique moindre. La téléphonie représente désormais 70 % du chiffre d'affaires de l'entreprise, qui a terminé l'exercice 2022-2023 à 1,1 milliard d'euros, soit dix fois plus qu'en 2015 (172 millions d'euros).

Conscient des variations pouvant affecter le marché de l'électronique, Soitec cherche à ne pas dépendre d'une activité, d'autant plus que le marché des smartphones tourne au ralenti depuis 2022. Une fois de plus, le groupe mise sur sa capacité à innover pour se diversifier. "À raison de 250 nouveaux brevets déposés chaque année, nous sommes l'une des 50 sociétés françaises les plus actives en termes d'innovation", affirmait en 2021 Bertrand Aspar, directeur général adjoint. La R&D de Soitec le mène notamment vers les véhicules électriques, qui nécessitent de nombreux semi-conducteurs. Ses nouveaux substrats de carbure de silicium doivent offrir une performance énergétique 10 à 20 % meilleure que les produits traditionnels. Le fabricant américain de véhicules Tesla ou l'équipementier allemand Bosch les ont déjà adoptés. Soitec veut capter 30 % du marché du carbure de silicium d'ici 2030, et s'est associé à un autre grand nom français du secteur, STMicroelectronics, pour produire ces nouveaux substrats.

Afin de tenir ses ambitions, Soitec prévoit d'investir 1 milliard d'euros d'ici 2026, dont la moitié sur son site industriel français de Bernin (Isère). Les fonds serviront à renforcer les capacités de production, aussi bien dans les substrats nouveaux que traditionnels, et à soutenir l'innovation. Soitec vise une multiplication par deux de son chiffre d'affaires dès 2025-2026, grâce à la demande en hausse dans les véhicules électriques et à la capacité de ses matériaux à intéresser un grand nombre de secteurs d'activité potentiels.

Samuel Arnaud

 

Auteur :
Arnaud, Samuel
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