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La France vise à améliorer sa compétitivité dans le domaine de la bioproduction. Le nouvel organisme France Biolead a pour objectif de fédérer la filière et d’accompagner l’augmentation de la production de biomédicaments en France, ainsi que le nombre d’emplois. Des entreprises mènent déjà des projets pour produire sur le territoire et développer de nouveaux produits (Abionyx Pharma, Clean Cells, Pherecydes Pharma).

 

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La France vise à améliorer sa compétitivité dans le domaine de la bioproduction. Le nouvel organisme France Biolead a pour objectif de fédérer la filière et d’accompagner l’augmentation de la production de biomédicaments en France, ainsi que le nombre d’emplois. Des entreprises mènent déjà des projets pour produire sur le territoire et développer de nouveaux produits.

Par Chrystèle Reynier - Publié le 04/12/23

 

Faits, tendances et initiatives
 

v La bioproduction bénéficie d’un nouvel élan, avec pour objectif d’accroître la production française de thérapies innovantes.
95% des biomédicaments vendus en France proviennent de l’étranger (notamment Europe, États-Unis et Chine).
Dans ce domaine, la France a connu un retard, notamment du fait d‘une désindustrialisation générale au début des années 2000 qui a également touché l’industrie pharmaceutique.
Aujourd’hui, si le monde académique parvient à innover, le pays a des difficultés à industrialiser les nouvelles solutions. Son point faible est de ne pas bénéficier de structure de soutien de la bioproduction.

 

v Dans ce contexte, France Biolead a été fondé fin 2022. L’organisme fédère l’écosystème de la production de médicaments innovants en France. Ses membres fondateurs sont : Alliance Innovation Santé Nouvelle-Aquitaine (ALLIS-NA), Capgemini, CEA, Clean Biologies, Enosis Santé, France Biotech, Genopole, GTP Bioways, Inserm, Leem, Merck, Polepharma, Sanofi, Servier et Thermo Fisher Scientific.
France Biolead accompagne l’ambition française en matière de bioproduction, à savoir :

o   doubler la production de biomédicaments en France d’ici 2030 (actuellement, seuls 8 biomédicaments sont produits en France, sur les 76 fabriqués en Europe) ;

o   doubler les emplois de 10 000 à 20 000 personnes ;

o   faire émerger une licorne, tout en accompagnant la transformation de 5 PME en ETI.

 

v France Biolead donne une grande importance à la notion de "filière" et intègre donc les équipementiers et CDMO (Contract Development Manufacturing Organisations ou sous-traitants pharmaceutiques). L’objectif étant de passer "de la production à petits volumes à une production à l’échelle commerciale", et aussi de "faire émerger des projets innovants, comme Calipso", explique Laurent Lafferdère, directeur général de France Biolead.

 

v Dans le domaine des procédés biopharmaceutiques, les technologies à usage unique rencontrent du succès en raison de leurs nombreux avantages (coût d'investissement initial réduit, augmentation des capacités de production, facilité d'utilisation).
Les fabricants multiplient les efforts pour s’adapter aux exigences du marché, parmi lesquelles : une robustesse croissante, une réduction du risque de contamination, une adaptation à la production en continu, ainsi qu’un respect des délais de livraison après les perturbations dans les chaînes d’approvisionnement pendant de la crise du Covid-19.
Pour gagner en agilité et en réactivité dans leurs chaînes d’approvisionnement, les industriels misent sur le dual sourcing et la régionalisation, comme l’Allemand Merck qui a relocalisé en Europe et en Chine une partie de sa production d’équipements à usage unique depuis les États-Unis.
Les industriels travaillent également autour de la communication dans la chaîne d’approvisionnement et autour de la durabilité des produits.

 

Sélection d’acteurs

 

·      La start-up toulousaine Abionyx Pharma (ex-Cerenis Therapeutics) s’est positionnée sur le développement d'un produit innovant appelé apolipoprotéine-A1. Cette apolipoprotéine recombinante, qui prend le nom CER-OO1, a récemment obtenu des résultats positifs en phase Il sur la septicémie, après avoir échoué en 2017 sur le cardiovasculaire.
La société a choisi une approche de production de protéine recombinante plutôt que de collecte à partir du plasma en raison de problèmes potentiels de contamination et de la nécessité de produire des quantités importantes.
Abionyx a réussi à relocaliser l'ensemble de sa chaîne de production en France, en collaboration avec les partenaires GTP Bioways (en charge de l’upstream [l’amont]) et Novasep (en charge du downstream [l’aval]).
Abionyx envisage désormais de passer à des études de phase III pour confirmer à plus grande échelle le potentiel de son apolipoprotéine. La société explore également des opportunités de financement, y compris des partenariats, pour accélérer le développement. La possibilité de monnayer son expertise dans la bioproduction de l’apolipoprotéine est également envisagée.

 

·      Clean Cells (filiale de Clean Biologics dédiée au contrôle qualité) est implantée dans le bocage vendéen, à Montaigu-Vendée depuis une vingtaine d’années. Fondée en 2000, elle a débuté en se focalisant sur un contaminant particulier, les mycoplasmes, dans la bioproduction. Les débuts ont été difficiles en raison du retard de la France en bioproduction. Mais l’entreprise a bénéficié d’un soutien local et national. Par la suite, elle a élargi ses activités pour offrir des services de contrôle qualité et de sécurité biologiques de produits biopharmaceutiques, ainsi que la production de banques cellulaires et de stocks de semences de virus.

Désormais, Clean Cells propose plus de 350 types de tests à destination des grands laboratoires ou des sociétés de biotechnologies plus petites, ainsi qu’auprès des CDMO. Ces tests permettent d'assurer la biosécurité, la pureté, l'identité, l'activité biologique et la non cytotoxicité des biomédicaments. Ils couvrent différents marchés tels que les vaccins, les thérapies géniques et cellulaires, les anticorps monoclonaux, les protéines recombinantes, et les phages. L’entreprise intervient peu en phase commerciale, l’essentiel de son activité se faisant au niveau clinique ou préclinique.

L’entreprise souhaiterait développer de nouvelles technologies de contrôle qualité, mais elle se retrouve confrontée au problème de la vitesse réglementaire.

Clean Cells s’est ainsi développée en diversifiant ses activités. Elle a récemment inauguré de nouveaux locaux pour augmenter ses capacités de testing et de production. Elle y a investi 22 millions d'euros. Les nouveaux locaux, de 5 300 m², comprennent des laboratoires classés et des espaces modernes pour le bien-être des salariés. Clean Cells prévoit également de recruter 20 personnes en 2023 pour soutenir son expansion.

 

·      La biotech nantaise Pherecydes Pharma, fondée en 2007, se concentre sur le développement de thérapies antibactériennes à base de bactériophages, des organismes qui s’attaquent aux bactéries. Les bactériophages entrent dans la lutte contre l’antibiorésistance.
Actuellement, la société travaille sur trois familles de phages ciblant les bactéries Staphylococcus aureus, Escherichia coli, et Pseudomonas aeruginosa, responsables de nombreuses infections résistantes.
La biotech utilise une méthode de production similaire à celle des vecteurs viraux, impliquant le prélèvement des phages, la sélection des phages les plus efficaces vis-à-vis des bactéries, et la production de phages à grande échelle et de qualité, et enfin la purification.
Bien que les phagothérapies ne soient pas encore autorisées sur le marché, que ce soit en Europe ou aux États-Unis, Pherecydes Pharma travaille sur des essais cliniques et précliniques, visant à évaluer l'efficacité de ses phages dans le traitement d'infections spécifiques. Les essais devront également permettre d'évaluer la réponse immunitaire antiphage des patients, plus spécifiquement en cas d'administration par voie intraveineuse.

La société envisage une fusion avec la biotech lyonnaise Erytech pour créer un leader mondial dans le domaine de la phagothérapie, et élargir les cibles au-delà de l’antibiorésistance.

 

Paroles d'expert
 

"[En 2023], Nous allons finaliser notre stratégie et lancer plusieurs groupes de travail sur les thématiques du financement, du réglementaire, des verrous technologiques à faire sauter, de la création d'une plateforme numérique communautaire, avec la participation de nos adhérents, et pour accélérer la structuration et le développement de la filière de bioproduction et de ses acteurs. Nous allons également accueillir de nouveaux membres représentatifs de l'ensemble des activités, et lancer un site Internet avec un annuaire en libre accès pour mettre en relation tous les acteurs de la chaîne de valeur. L'équipe de France Biolead devrait également s'étoffer en passant de deux à cinq collaborateurs permanents."

Laurent Lafferdère, directeur général de France Biolead.

 

"Chez Clean Cells, nous ne nous sommes jamais laissés guider par la finance. Notre logique a toujours été de savoir quoi développer et voir après comment la finance pouvait suivre. Nous sommes très fermes là-dessus. Et nous avons bien fait, aujourd'hui l'entreprise est en très bonne santé. Et avec cette nouvelle assise, nous changeons de dimension. Nous nous sommes industrialisés."

Olivier Boisteau, cofondateur de Clean Cells.

 

"Nous avons une très bonne relation de proximité avec l’agence [l’ANSM – l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé], ils sont très supportifs. Peut-être parce que l'antibiorésistance va devenir un grave sujet de santé publique. Peut-être aussi parce que les phages sont utilisés depuis des décennies dans les pays de l'Est et que, généralement, ils sont bien tolérés."

Céline Breda, directrice des Opérations industrielles de Pherecydes Pharma.

 

Chrystèle Reynier

Synthèse rédigée d'après l'article "Bioproduction. Une ambition à concrétiser", in Industrie Pharma magazine, n° 148, avril 2023

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Auteur :
Reynier, Chrystèle
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